Titre du Mail : Résolution du 19 juin 2024-Les Doléances : la parole citoyenne toujours confisquée
Il vous suffit de copier/coller le texte dans le mail que vous souhaitez adresser au député de votre circonscription.
Cher/ère Monsieur/Madame le/la Député/e,
Je vous écris pour attirer votre attention sur la résolution portée par la députée Marie Pochon, et signée par une vingtaine de parlementaires de tous bords, qui sera présentée au vote dans l’hémicycle le 19 juin (soirée) ou le 20 juin (matin).
Cette résolution porte un combat important pour la démocratie, pour la République, pour le respect de l’engagement et de l’intelligence collective qu’ont massivement fourni les citoyens/citoyennes françaises il y a 5 ans.
Le 15 avril 2019, le Président de la République Emmanuel Macron devait prendre la parole à la télévision pour exercer un devoir de suite après avoir organisé le grand débat national. Malheureusement, l’incendie de la cathédrale Notre Dame a empêché ce moment-clef et avec lui la promesse présidentielle de rendre public les cahiers de doléances. Cinq ans plus tard, où en sommes-nous ?
Notre Dame est sur le point de retrouver son lustre d’antan. Quant aux doléances des Français, qui sont aussi un « trésor national », elles n’ont toujours pas fait l’objet d’une grande restitution nationale. Pourtant, se rendre dans une des 101 Archives Départementales et plonger dans les Cahiers de Doléances de 2019 est une véritable cure de jouvence démocratique.
C’est tout un peuple qui s’exprime là : des propositions sur la démocratie, la santé, l’exigence d’en finir avec l’inégalité des salaires, une fiscalité juste, sur les dépenses publiques et la transition écologique, des appels sensibles et sensés à des services publics qui redeviennent les garants de l’égalité et de la justice, mais également des récits de vie poignants, des cris de détresse… C’est le témoignage d’un territoire vécu qu’il est urgent d’entendre, sans attendre, puisque d’une certaine manière il constitue un « programme politique idéal pour les Français ».
Aujourd’hui l’accessibilité à leurs propres doléances ; et aux idées qu’elles véhiculent ; ne sont pas données aux femmes et aux hommes qui les ont rédigés.
A l’ère du numérique, la médiation pour accéder et s’approprier l’information est un pilier fondamental de notre démocratie. Attachés aux valeurs de transparence et d’égalité d’accès aux archives publiques nécessaires à la confiance entre les citoyens et les élus, mais aussi du devoir de redevabilité et de mémoire, nous plaidons pour la mise en ligne des doléances sur une plateforme nationale. Une plateforme digitale qui permette une lecture à l’échelle du pays, d’un département ou même d’une commune.
La lisibilité de ce corpus n’est pas anecdotique, c’est la condition pour exploiter ce creuset démocratique fort de 19 899 cahiers citoyens (contenant 217 910 contributions individuelles). Les doléances, ce sont aussi les 15 420 courriers et emails, autant de contributions individuelles, déposées directement à l’Elysée ou à Matignon. Enfin, c’est reconnaître les travaux locaux menés lors des 11 258 réunions d’initiative locale, et presque autant de compte-rendus. Garantir l’accessibilité à ces milliers de contributions, c’est les reconnaître à leur juste valeur, c’est rendre sa dignité à la parole citoyenne.
En France, tout ce qui s’imprime est déposé à la Bibliothèque nationale. Nous plaidons donc pour que tout ce qui s’exprime soit déposé dans une « bibliothèque » du débat public. C’est possible en hébergeant l’ensemble de ces paroles citoyennes dans une « base de données du débat public », accessible sur tout le territoire via une plateforme numérique open source et des rencontres publiques. C’est la condition première pour que la promesse du Grand Débat soit enfin tenue.
Comme c’est le cas en Gironde, département précurseur à l’initiative du Président Jean-Luc Gleyze, les Conseils départementaux peuvent aussi se saisir des doléances dans leurs archives en finançant des chercheurs, et faire eux-mêmes le travail de numérisation, d’analyses et de mises en ligne. Mais l’élan doit être national.
Parce que la démocratie n’est pas un coût, mais une nécessité pour que vive la République, l’Etat doit y pourvoir par un financement national de cette plateforme et de la recherche publique auprès des archivistes, pour que chacun puisse prendre connaissance de l’intégralité du corpus et, via des outils de navigation, mener une recherche personnelle.
Nous, les citoyens qui avons écrits ces doléances ; nous, les communes* qui avons ouverts ces cahiers dans nos « mairies ouvertes » ; nous, les départements* qui les avons conservés ; nous toutes et tous, les acteurs de la démocratie sociale, lançons cet appel à rendre aux citoyens la parole qui leur a été confisquée.
* Le 15 mai 2024, dans le Monde, une quinzaine de départements et les principales associations d’élus locaux, ont signés cette Tribune.
Retrouvez les signataires sur www.lesdoleances.fr