Un an après la projection-débat de mon film « Les Doléances » à l’Assemblée Nationale, une résolution qui porte son nom vient d’être votée à l’unanimité pour permettre la publicisation des Doléances de 2019. Quand je regarde le chemin parcouru, c’est assez vertigineux.
Mais ce chemin je ne l’ai pas parcourue toute seule, évidemment. Je remercie bien sûr Fabrice Dalongeville, mon compagnon de route. Je tenais aussi à remercier toutes les femmes qui, de près ou de loin, on prit soin de ces cahiers. Je vous partage le discours que j’ai prononcé hier en conférence de presse, à l’Assemblée Nationale.
« J’ai envie de saluer la constance, et particulièrement la constance des femmes.
D’abord, évidemment, Marie Pochon et son équipe, féminine, qui n’ont rien lâcher depuis un an et demi et on permit aujourd’hui à ce texte législatif d’être mis au vote dans l’hémicycle, devant la représentation nationale.
Mais il y a aussi ces chercheuses que l’on voit dans le film, Magalie Della Sudda, Manon Pengam, qui ont été les premières à s’intéresser à ce corpus, et sans s’être concertées, l’ont fait de la même manière, en incluant dans leur processus d’analyse scientifique, des citoyens et des citoyennes bénévoles.
Il faut noter que dans la Creuse, Il n’y eut que des femmes pour se porter volontaires pour transcrire les textes, processus ô combien fastidieux mais essentiel pour pouvoir ensuite appliquer l’analyse.
Je salue évidemment Eleonore Echenne qui a créé à Rodez un des premiers collectifs citoyens, et qui a ensuite œuvrer à fédérer les collectifs (aujourd’hui une quarantaine) pour qu’ils puissent échanger sur leurs bonnes pratiques et ne pas être isolés dans leur démarche de consultations aux archives départementales.
J’ajoute à cette liste Marie-Anne Chabin, archiviste chercheuse, qui s’est seule « attaquée » aux Doléances de Charentes maritimes et en a minutieusement décortiqué les thématiques, mais a également permis de mieux comprendre leur nature juridique.
Je salue d’autant plus cet engagement féminin que toutes nous défendons l’intérêt général, en ruralité pour certaines, au service de la culture ou de la recherche publique pour d’autres. Des territoires, des secteurs qui sont trop souvent minorés, méprisés quand ce n’est pas martyrisés par les forces anti-démocratiques, comme on le voit à l’œuvre aux Etats-Unis aujourd’hui. Mais ce sont ces-forces là justement qui voit dans les Doléances de 2019, invisibilisées à dessein, la puissance d’un peuple qui parle.
Les femmes ont été très nombreuses à rédiger des textes. Des travailleuses, des mères de familles, des femmes seules avec enfants, des retraitées, ont trouvées dans ces cahiers un espace pour exister, s’exprimer, faire société.
Pour elles, pour nous toutes et tous, nous demandons avec constance et opiniâtreté, la publicisation des Doléances de 2019. »